
Savez-vous que le père peut également souffrir de la dépression post-partum? Et non, ce n’est pas uniquement réservé aux mamans, mais la dépression post-partum du papa ou « daddy blues », on en parle peu, c’est tabou et pourtant elle touche 4 à 10% des jeunes pères.
Il est difficile de savoir qu’est ce qui cause cette dépression. Si pour la femme il y a plusieurs études qui permettent d’obtenir des réponses, pour l’homme, la découverte de la dépression post-partum est encore assez récente et le seul vrai lien qu’on a pu faire c’est une baisse du taux de testostérone… Et oui encore les hormones! De plus, le fait que la maman souffre elle-même de dépression peut être aussi un facteur favorisant et c’est d’autant plus difficile à vivre pour le père sur qui on compte énormément pour prendre le relai lorsque la maman sombre. Enfin, le passage du statut de couple au statut de parent est très destabilisant pour le nouveau père qui peut alors avoir du mal à trouver ses marques dans cette nouvelle vie. Voici quelques extraits de témoignages de papas ayant sombré dans le daddy blues :
« c’était comme si j’avais deux trains de retard quand les enfants sont nés parce que ma femme elle, elle les connaissait depuis 9 mois déjà… En plus avec l’allaitement elle subvenait à tous les besoins du bébé alors moi, à quoi je servais? Je me sentais exclu de cette relation parce que le rôle de l’homme est de nourrir sa famille. » (G. 27 ans, papa de deux enfants)
« …au fil des semaines, j’étais de plus en plus en proie aux doutes, j’étais pétrifié rien qu’à imaginer chaque moment de la vie de ce petit être. J’ai commencé à faire subir mes humeurs à ma femme. Tantôt agressif, tantôt totalement absent, j’avais de grands moments de silence, j’étais dans le vague tout le temps… » (C.31 ans et père d’une petite fille)
« Depuis l’accouchement de ma femme, je ne mange plus, j’ai comme une envie permanente de vomir, je me sens triste et complètement vidé. Bref, je craque ! J’ai tellement honte d’éprouver ces sentiments si négatifs alors que ce devrait être la plus belle période de ma vie(…)Je me suis pourtant toujours juré d’être un super papa et actuellement, je me sens juste nul, totalement largué. Je m’étais mis beaucoup de pression, tout en pensant que j’allais assurer et ce n’est pas le cas. Je suis dépassé. » (J. 26 ans, père d’un petit garçon)
« (…)je DEVAIS subvenir aux besoins de notre famille. Une personne de plus à nourrir, à habiller… Je faisais des heures supp’ à gogo, je me suis totalement réfugié dans le travail. » (A. 36 ans)
« Je me repliais sur moi-même. Je trouvais ma position ingrate. Tout le monde plaignait ou félicitait ma femme, mais personne ne se demandait si MOI j’allais bien. Or, ce n’était pas le cas. » (A.29 ans et père d’une petite fille)
Comment on reconnaît un « dady blues »? Et bien les symptômes sont assez similaires à ceux du baby blues de la maman, on y retrouve une profonde anxiété, une impatience face au bébé (et aux autres enfants), une humeur changeante, des troubles du sommeil (insomnies ou au contraire hypersomnies), un désintérêt pour le nouveau rôle de père, une fuite (travail, sport, bricolage), une constante insatisfaction. La culpabilité est également très présente dans le daddy blues. Le jeune père s’en veut terriblement de ne pas réussir à être heureux dans cette période qui devrait pourtant être magique.
Si on reprend les origines, l’homme a un rôle de protecteur de sa famille, c’est lui qui fait vivre sa famille, lui rapporte de quoi manger, dirige… Puis on a changé de siècle! Le fait est que l’homme a ce besoin inné d’être opérationnel dans tous les cas de figure qui se présentent à lui. Mais dans cette équation, on oublie que l’homme peut aller mal, c’est inconcevable, c’est tabou! Et pourtant en 2021, il serait peut être temps d’enterrer le mot « tabou »! Mais pour le moment, il ne l’est pas donc revenons en à notre jeune père, qui est avant tout l’homme de la maison, qui DOIT être opérationnel dès la naissance de bébé… Et bien cet homme va commencer par gérer seul son état de mal être car de base jusqu’à ce qu’il craque ou que son entourage détecte le problème.
La durée de traitement est aussi longue que pour la dépression de la maman. Les répercussions sur l’enfant sont également présentes, on note toutefois une tendance à retrouver des troubles du comportement chez les garçons dont le père souffre de dépression post-partum alors que pour les enfants dont c’est la maman qui en souffre on retrouvera plutôt des troubles émotionnels.
Alors que faire? Comme pour la femme, un suivi psychiatrique est un des passages obligés de la dépression post-partum. Mais avant d’en arriver à ce chemin, l’homme passe par de nombreuses étapes d’acception. Des ateliers de détente peuvent être proposés (méditation, histoires apaisantes), des séances de massage bébé peuvent aussi permettre au papa d’entrer en douceur en relation avec son enfant, intégrer une routine avec bébé tel que donner le bain, lui lire des histoires, créer un rituel d’endormissement… Tant de pistes qui permettent de créer un lien unique et inébranlable. Dans mon cas personnel, mes enfants sont en allaitement à la demande jusqu’au sevrage naturel, mon conjoint a donc trouvé sa place en étant le responsable du bain et du rituel d’endormissement. Si bien que le nombre de bains que j’ai donné à mes enfants est vraiment insignifiant et niveau endormissement les enfants s’endorment plus vite avec leur père !
Comme l’incidence du daddy blues augmente de 50% avec la dépression de la mère, rencontrer un conseiller conjugal peut également s’avérer très bénéfique pour renouer le contact et se retrouver en tant que couple. Essayez de faire garder les enfants pour vous retrouver à deux l’espace de quelques heures. N’oubliez pas qu’avant les enfants vous êtes un couple amoureux alors il est important de ne pas se perdre dans la parentalité exclusive et de préserver ce lien primordial à un bon équilibre.
J’insiste vraiment sur l’importance de parler de ce que vous vivez que ce soit à votre entourage ou à un professionnel. La plus grosse erreur dans la dépression est de s’isoler. Vous n’êtes pas seul(s).
Merci beaucoup pour cet article bienveillant et important sur un sujet dont on parle peu ! Et de dire l’importance d’en parler, aux proches, à un soignant, un psy ou un médecin…
Bonne continuation pour ce beau blog !
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Merci beaucoup pour ce gentil commentaire, je suis ravie que mon blog fasse écho. Belle soirée à vous 🙂
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